Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Confidences d'Alex

Confidences d'Alex
  • Chronique de la sexualité du jeune Alex. La sexualité ambigüe de son adolescence, ses inhibitions, ses interrogations, ses rêves, ses fantasmes, ses délires, ses aventures, ses expériences.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
15 juin 2011

Graffs : introverti / extraverti

                              G41

 

                                  G42

Publicité
Publicité
14 juin 2011

Badgraffs

                            G33 badgraf

          

                            G40 badgraf                           

11 juin 2011

133 A la pêche (épisode intégral)

Je parle avec Raphaël sur ce ton de légèreté mâtinée d’humour qui nous est habituel. Raphaël n’est pas mon boy friend, mais c’est un bon copain. Nous avons toujours plaisir à nous rencontrer. Nous sommes attablés à une terrasse de café et profitons de cette belle et déjà chaude journée de printemps. Je lui raconte une mésaventure qui m’est arrivée récemment et qui le fait bien rigoler. Mais c’est l’heure de mon rendez-vous professionnel et nous devons nous quitter. Nous nous levons et je m’approche de lui pour une embrassade. A ce moment précis j’ai l’impression d’être observé. Je sens très nettement la présence d’un regard insistant dans mon dos. Je me retourne et là, à l’arrêt d’autobus en face du café, je le vois.

Il a détourné les yeux et semble ne pas m’avoir vu. Il m’a vu j’en suis sûr. Mais sait-il que moi aussi je l’ai remarqué ? Je pourrais faire une fois encore une petite lâcheté pour l’éviter, et, comme les fois précédentes, me trouver un peu salaud de l’avoir ignoré, d’avoir fui sa laideur et sa difformité. Cette fois je ne puis me dérober. En fait j’ai de la compassion pour lui, ou plutôt, ce que je n’ose m’avouer, de la pitié. Il rappelle à ma conscience la chance que j’ai d’âtre ce que je suis : plutôt bien fait, aimable, aisé, ayant le goût de la fête, aimant faire l’amour.

Je suis certain qu’il a perçu mon embarras et mon hésitation. Je traverse la rue d’un pas alerte et je l’aborde avec un air faussement enjoué et une voix théâtralement naturelle.

— Bruno ! Il y a si longtemps que je ne t’ai rencontré !

Je ne lui demande pas comment il va, car comment irait-il bien ?

— Je vais à un rancart de boulot maintenant, mais je veux qu’on se voie ces prochains jours. File-moi ton numéro de téléphone, je t’appelle ce soir.

En sortant mon IPhone dernier cri pour noter son téléphone, je me rends compte de la maladresse de ce geste auprès d’un handicapé qui n’a pas le sou. Mais c’est trop tard ;

— A ce soir.

Et je file vers ma voiture.

Ce garçon défiguré et bancale fut vigoureux et sportif. Il a été fauché en pleine adolescence par un rictus du destin. Je l’ai connu au collège. Je me souviens des parties de foot organisées par le prof de gym, où il excellait tandis que j’étalais ma nullité. Il courait au devant du ballon et trouvait toujours le moyen de la maîtriser tandis que je paniquais quand un shoot me l’envoyait en pleine poire. Il ne s’était jamais moqué de moi, alors que d’autres s’en donnaient à cœur joie. Au contraire il m’adressait des mots d’encouragement. Vif, téméraire, assez casse cou, il semblait ignorer le danger.

Il empruntait de temps en temps le scooter de son frère aîné, avec plus ou moins la complicité de ce dernier, bravant l’interdiction des parents et de code de la route. Cheveux au vent, il parcourait la campagne à toute allure, grisé par la liberté de son escapade interdite.

On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé : à l’entrée d’un village il alla se fracasser sur le pilier en béton du portail d’une propriété. L’arête vive lui arracha la moitié gauche du visage. La surface rugueuse fit éclater son épaule. La Vespa lui écrasa la jambe.

Il survécut. Sans amputation. Mais, après de nombreuses opérations qui l’empêchèrent de suivre une scolarité, il resta défiguré, avec un bras inerte et une jambe plus courte que l’autre.

Fin du printemps pour lui. Voué désormais aux chemins de traverse de la vie.

Oui, je veux me montrer, avec ce garçon déshérité par le sort, le type généreux et dévoué qu’en réalité je ne suis pas, traînant un égoïsme dissimulé mais bien réel. Me montrer charitable conviendrait mieux, en l’occurrence, ce que je ne suis guère non plus. Donner quelques petits moments de ma vie de jeune gâté par le sort à ce déshérité. Pour être tout à fait honnête, c’est plus pour me donner bonne conscience, me revaloriser à mes propres yeux, que pour apporter un peu de réconfort à ce pauvre Bruno, que je lui ai proposé cette rencontre. Ma nature m’entraîne vers des  gens séduisants et cultivés, jeunes, beaux, qui flattent mon égo. Ne pourrai-je donc jamais être authentiquement altruiste ?

— Allo Bruno ? C’est Alex.

— Oui, salut.

— Voilà, dis-je en déliant bien ma voix, il y a longtemps qu’on ne s’est pas rencontrés, j’aimerai bien qu’on passe un petit moment ensemble. Tu es libre le prochain week-end ? On pourrait se faire une petite bouffe dans un resto sympa, je t’invite.

— T’es sympa, mais tu sais je n’aime pas trop fréquenter les restos.

— Tu fais quoi ce week-end ?

— Eh bien ils annoncent du beau temps alors j’ai prévu d’aller à la pêche.

— Alors je vais à la pêche avec toi.

— Tu sais pêcher toi ?

— Non, mais, justement, tu vas m’apprendre. Et puis j’aime beaucoup être dans la nature.

— Alors d’accord.

Je lui propose de l’emmener et nous fixons un rendez-vous.

Une fois installé dans ma voiture, dont je trouve pour la première fois le luxe discret un peu ostentatoire, j’engage la conversation sur un ton enjoué :

— Alors, où va-t-on taquiner la truite ?

— Non, pas la truite. Pour la truite il faut être un peu sportif. Ce n’est pas dans mes moyens.

« Fais gaffe, me dis-je, toi le garçon qui peut tout se permettre, avec son corps, avec son fric ! Tu ne vois pas que tes propos de jeune branché un peu écervelé, grisé par ce qu’il croit être ses réussites, peuvent blesser un handicapé, sans le sou de surcroît ? »

— Je connais un petit coin tranquille. On n’est jamais dérangé. Et le paysage est très beau. Je ne t’en dis pas plus, tu verras. Il faut laisser la voiture et marcher un peu à travers bois.

J’ai compris que Bruno est un invalide qui se terre le plus possible, meurtri par les regards fuyants, incapable de vivre normalement au milieu des autres, cherchant la solitude, portant sa croix en silence. Pourtant il me semble qu’il se détend un peu avec moi. Il me parle de pêche. Il pratique la pêche au coup, la plus simple et la plus répandue, C’est une pêche statique, préparée par un amorçage. Pour le matos, on verra sur le tas. Il a amené une canne pour moi. Il me fera un cours technique, mais simplifié pour le débutant que je suis.

A un moment je tourne la tête vers lui comme on le fait naturellement vers son interlocuteur. J’intercepte un coup d’œil apeuré. La partie gauche de son visage, que forcément il me présente assis dans ma voiture, est complètement chamboulée, presque monstrueuse. J’ai fait une nouvelle gaffe, je dois regarder uniquement sa partie droite, celle qui témoigne du beau garçon qu’il aurait dû être.

Nous sommes installés côte à côte sur cette berge herbeuse et ombragée par des saules, au bord d’une courbe de la rivière. L’eau coule calmement en reflétant les arbres et le ciel clair parsemé de petits nuages pommelés. En face, un bois de hêtres et au delà, des collines, où apparaissent les formes géométriques des champs cultivés. Un paysage qui respire le calme, la tranquillité, le repos.

Il est à ma gauche, ne laissant apparaître que son côté droit, celui qui donne l’illusion d’une parfaite normalité. Il m’a inculqué les rudiments de l’art de la pêche, m’a nommé les poissons que nous pouvions attraper : le gardon bien sûr, la carpe, le poisson chat, et avec beaucoup, beaucoup de chance, le brochet. Toutes informations données à voix presque basse pour ne pas faire fuir les poissons, très sensibles à toutes vibrations. J’ai compris qu’on ne parlerait que très peu, et encore tout bas, pendant tout l’après-midi. Alors que faire pendant ces longues heures immobiles, à fixer le flotteur jusqu’à avoir l'illusion qu'il s'agite alors qu'il suit tranquillement le fil de l’eau ? Que faire sinon penser ? A quoi pense-t-il ? Peut-être à cette vie gâchée irrémédiablement. Que peut-il attendre de la vie avec ce physique massacré ? Rien certainement au plan sentimental. A-t-il seulement approché une fille ? Certainement il ne l’a même jamais tenté, de crainte d’être repoussé et de retomber plus bas qu’il n’était. Pas de tendresse, pas d’amour. Peut-être se donne-t-il des plaisirs solitaires. Je l’espère pour lui. C’est un pis aller, mais c’est mieux que rien, parce que la zigounette a ses exigences et ses deux acolytes ordonnent des décompressions, heureusement jouissives. J’espère qu’il a assez d’imagination pour s’inventer une vie virtuelle où il est le beau jeune homme en germe dans son adolescence, où il est riche parce qu’il a percé dans le sport, son activité principale avant l’accident. Respecté par les garçons, adulé par les filles. Parmi elles l’embarras du choix. Bien sûr, ce choix il le fait sur les nombreuses revues de charme qui s’accumulent sous son lit étroit, dans l’angle de la pièce qui lui sert également de cuisine.

Mais peut-être préfère-t-il les garçons. Alors il fantasme sur les bomecs qui pullulent sur certains sites. Aujourd’hui il a jeté son dévolu sur un jeune blondinet qui a une bouille d’ange et un sourire craquant. Il l’a choisi non parce qu’il est particulièrement beau, quoique son corps soit bien proportionné avec une musculature discrète mais délicatement  dessinée, il l’a choisi pour son air doux, gentil, accueillant, pour son attitude modeste, pas du tout exhib, bien qu’en fait il pose pour un photographe. C’est très rare de trouver ce naturel sur le web. Un garçon qui ne fait pas de frime, à la spontanéité désarmante, à la gentillesse à fleur de peau. Il est debout, nu, sur une grève de galets, regarde la mer et resplendit dans le soleil. Il se détache sur un fond de falaises crayeuses qui sont dans l’ombre. Son sexe, niché dans une touffe de poils presque bruns, est modeste lui aussi, n’affiche pas un début d’érection annonçant un gabarit à faire pâlir les mieux lotis, comme la plupart du temps sur ces sites de mecs. Plus juvénile que viril. D’habitude Bruno préfère les mecs qui affichent une sportive virilité, celle qu’il aurait rencontrée dans les salles de sport s’il avait pu poursuivre son activité favorite. Mais cette fois c’est ce jouvenceau à l’air tendre qui le fait craquer.

Déjà il bande dans son froc. Son sexe est presque douloureux tant il est comprimé dans un espace trop petit. Bruno défait sa ceinture, ouvre sa braguette et libère du slip un pénis tout heureux de pouvoir prendre ses aises. Il commence à se caresser et c’est comme s’il caressait le jeune éphèbe qui est sur son écran.

Il est maintenant très excité mais se masturbe doucement pour faire durer le plaisir. C’est ce garçon qui va le faire jouir. Bruno n’a qu’une main valide, aussi cette main quitte-t-elle la verge pour aller fureter du côté du périnée. La main s’attarde là quelques instants, puis glisse dans la raie des fesses dont elle commence à effleurer les poils soyeux. Les contractions du sphincter témoignent  sans ambiguïté de l’efficacité jubilatoire de la caresse. Le geste est alors interrompu, puis repris pour en renouveler l’effet.

Un doigt s’aventure plus avant et sent les fesses s’écarter pour lui faciliter le passage. Il masse délicatement et avec onction la tendre rosette qui réagit voluptueusement. Lorsque Bruno estime avoir suffisamment préparé ce terrain de l’intimité du garçon, et que lui-même a le membre viril à la limite de l’apoplexie, il décide de passer à la phase ultime. Il reprend son sexe en main et l’introduit dans un de ses sextoys favoris, celui qui lui paraît le mieux simuler une pénétration anale dont il ne connaît malheureusement pas la réalité. Celui en tout cas dont l’enserrement optimum lui procure les meilleures sensations.

Son bassin s’active vigoureusement sur ce bout de plastique. Rapidement il est au bord de l’orgasme. Son mental est abusé au point d’avoir la conviction d’être en train de posséder ce beau garçon.

Il pousse un râle de jouissance lorsqu’il projette en lui le produit de plusieurs jours d’abstinence.

Presque aussitôt le sortilège s’évapore, et laisse sur place un tas de scories aux relents fuligineux.

Une larme s’attarde un moment au coin de son œil droit, puis se décide à courir le long de sa joue. Un geste la neutralise, mais les larmes continuent à couler dans le cœur de Bruno. Jamais il ne connaîtra un corps contre le sien. Jamais il ne connaîtra l’amour. Il ne saura pas quel niveau de volupté peut faire atteindre une peau amie. Il en sera toujours réduit à cet ersatz de coït par le truchement d’un outil élaboré pour les frustrés.

De rage et de désespoir il jette l’objet à travers la pièce. Mais il sait que tout à l’heure il le ramassera et qu’il ne nettoiera, avec un certain dégoût, pour un usage ultérieur lorsque le besoin s’en fera sentir.

— Eh, Alex, à quoi tu rêves, Tu ne vois pas que tu as une touche ?

— Qu’est-ce que je fais ?

— Dès que le flotteur plonge, tu ferres.

— Et hop ! J’en ai un, j’en ai un… il a l’air gros, il tire comme un dingue.

— Donne du mou, puis reprends, fatigue-le.

— T’es sûr que la ligne ne va pas casser ?

— C’est pas une question de force, du doigté, de la souplesse, tu le rapproches progressivement du bord, quand il tire trop, tu laisses du mou, puis tu reprends… oui, comme ça. Tu l’auras, t’inquiète pas.

— Voilà, maintenant, dès que tu peux, tu le chopes avec l’épuisette.

Je fais ce qu’il me dit et bientôt je me retrouve avec un poisson qui se débat comme un diable dans l’épuisette.

— Bravo ! Une belle prise, me dit Bruno.

— Je fais quoi maintenant ?

— Tu l’attrapes sous les ouïes et tu lui enlèves le hameçon de la gueule.

— Mais c’est horrible ! Ça va le torturer. Je préfère que ce soit toi qui le fasses.

Habilement, il défait le hameçon, puis frappe la tête du poisson sur le manche de l’épuisette pour l’assommer.

— Tu as le cœur tendre, me dit-il. Moi, j’ai le cœur dur comme de la pierre. Ce sera la seule manifestation de sa souffrance. Elle lui aura échappé, et cela m’émeut.

La pêche requiert aussitôt toute son attention, au rythme du cours alangui de l’eau. Le silence, à nouveau, entre nous. Décidément la pêche m’ennuie, malgré ma belle prise. Et puis je n’aime pas voir souffrir un animal, fût-il un poisson.

Bruno est figé dans une attitude qui impose à son profil droit de dissimuler le plus possible le gauche, monstrueux. Une posture qui lui est devenue naturelle, un peu lointaine, presque hiératique. Sous prétexte de chasser une mouche je le regarde sans en avoir l’air et tout à coup l’évidence du souvenir s’impose. Il me rappelle quelqu’un. Un soldat, retour de la guerre en ex-Yougoslavie.

J’avais quinze ans. Mes parents rendaient visite à de lointains cousins que je ne connaissais pas. Il y avait là un lieutenant sanglé dans son uniforme bleu de l’armée de l’air, bardé de décorations. Il avait cette même attitude de sphinx. Je le trouvais très beau. Casque bleu. Ce nom était pour moi synonyme de dévouement et de grandeur : soldat au service de la paix, dans le cadre d’une mission des Nations Unies. Une des missions humanitaires les plus importantes à mes yeux. Je savais qu’il avait été grièvement blessé. Mais il semblait parfaitement remis, et à part une légère claudication quand il se déplaçait, rien ne laissait deviner qu’il eût été blessé. Il avait environ 25 ans, 30 peut-être, pas vieux mais déjà plus très jeune à mes yeux, et pourtant son beau visage viril et son corps svelte représentaient mon idéal masculin, ce à quoi j’aurais aimé ressembler. Timide, je m’appliquais à ce que mon intérêt pour lui passât inaperçu. En revanche, il ne m’échappait pas que je ne le laissais pas indifférent. Le regard qui se portait sur moi était certes discret, sans insistance aucune, et aurait pu paraître fortuit s’il ne s’était pas répété fréquemment. Je feignais de l’ignorer et me demandais ce qui pouvait bien, en moi, attirer son attention. Mais j’en étais très flatté.

Le repas terminé, il participa encore un moment aux conversations, puis il se leva et annonça, sans m’avoir consulté, qu’il m’emmenait voir ses vidéos.

— Tu viens ? C’est tout en haut.

Sa chambre était en effet en haut de la maison, aménagée dans le grenier, immense, éclairée par de grands velux. Il y avait un bureau avec un ordinateur, des meubles dont je ne me souviens plus du tout, un grand lit très bas et un immense canapé devant un poste de télévision. C’est là que nous allions nous installer pour regarder des vidéos, pensé-je. Quelles vidéos ? Peut-être des scènes de la vie d’un casque bleu. J’étais assez intimidé. Il enleva sa veste d'uniforme, défit sa cravate et alla s’asseoir sur le lit. Je restai là planté au milieu de la pièce.

— Viens près de moi.

Bien sûr je n’étais pas innocent. Timide mais pas innocent. Je pouvais lui signifier, en m’asseyant sur le canapé, que je voulais bien sa compagnie mais pas l’intimité à laquelle il m’invitait. Mais j’avais de l’admiration pour lui, et j’avais envie de mieux le connaître, et puis il avait un physique qui me plaisait énormément. A cette époque, déjà, je me sentais plus attiré par les garçons que par les filles. Mais le doute subsistait et je m’intéressais aussi aux filles. Je n’avais pas d’expérience et j’étais à l’âge de tous les possibles.

Il perçut mon hésitation. Il me regarda et me sourit. Comment savait-il que j’allais venir m’asseoir près de lui ? Car j’avais la conviction qu’il le savait. Y avait-il eu quelque chose dans mes gestes, dans mon attitude, ma façon détournée de le regarder, qui l’avait informé que j’étais prêt à lui être agréable ? J’étais un peu contrarié d’avoir laissé ainsi paraître ce que je voulais garder pour moi. Mais j’étais suis sûr qu’il était le seul à avoir vu des signes, parce qu’il y avait été particulièrement attentif, et parce que je l’intéressais.

J’étais flatté qu’il m’ait remarqué. Je me sentais toujours un peu gauche devant des inconnus, et je ne me trouvais pas très beau. Ah, mon Dieu ! Si je pouvais avoir un physique comme le sien ! Il me redonnait donc confiance en moi et j’étais prêt, ne fût-ce que pour cette raison, à ne pas le décevoir.

Avait-il conscience de l’admiration qu’il m’inspirait ? Il était à mes yeux un héros, et il était beau. Mais sans doute avait-il perçu qu’il me subjuguait et que, avec lui, je me laisserais volontiers aller à la découverte de la sensualité d’un homme.

J’allai donc m’asseoir sur le lit tout à côté de lui.

— Viens dans mes bras.

Je me blottis dans ses bras.

Nous restâmes ainsi enlacés un long moment. Un moment où il ne se passait apparemment rien d’autre que l’enlacement de deux corps qui échangent leur chaleur. Ce qui était déjà beaucoup pour un jeune garçon prêt à découvrir des sensations nouvelles. Mais ce moment fut en réalité beaucoup plus riche en émotion faite de trouble et d’excitation, de fébrilité et de crainte. J’en évaluai la mesure à l’aune (1) de la turbulence de mon cœur.

(1)         Note d’humour très mal placé !

L’aune est une unité de mesure fort intéressante : elle équivaut à 64 doigts. Mais aussi à quatre pieds. Et surtout trois aunes valent quatre verges.

Voilà une superbe mesure étalon, bien supérieure à ces mesures du système métrique qui n’ont plus aucune référence à la belle anatomie de l’homme. 

Ta main remonte vers la nuque, me caresse les cheveux. J’aime ça. C’est la première fois qu’un homme me touche les cheveux de cette façon. La main me tire un peu les cheveux en arrière. J’obéis à ce geste et recule ma tête. Nos visages sont alors si proches l’un de l’autre qu’ils se frôlent. L’instant est d’une intense sensualité. Tu cherches mes lèvres et je te les offre. Leur pulpe ne te suffit bientôt plus. Tu ouvres les tiennes pour laisser le passage de ta langue qui vient à la rencontre de la mienne ; Je lui ouvre le passage. La caresse est agréable, mais le mélange des salives n’est pas ce que je préfère. Sans doute est-ce une étape obligée. Peut-être m’y habituerai-je et trouverai-je de la volupté à embrasser ainsi. Tu te rends compte de ma passivité et tu ne prolonges pas le baiser. Quand tu te retires je rouvre les yeux et je m’aperçois que les tiens sont baignés de larmes. Aussitôt je culpabilise : je ne suis pas celui qu’il espérait.

— C’est moi qui te fais pleurer ?

— Oh non, tu es adorable ! C’est sur moi que je pleure.

— Pourquoi es-tu si triste ?

— ne me pose pas cette question, et laisse-moi profiter de ce moment merveilleux avec toi.

Tu me regardes, et je lis dans tes yeux une émotion très intense.

Sans doute je lui rappelle quelqu’un qui l’a quitté, ou qu’il a perdu à la guerre, me dis-je.

Tu me prends les mains. Je sens une légère pression à laquelle je réponds. C’est toi qui prends toutes les initiatives et je me laisse faire, à la fois étonné d’une telle soumission et libéré des appréhensions de maladresse d’un débutant, car je te sais maintenant sensible et gentil. Il n’y a aucune précipitation dans tes gestes, tu ne cherches pas à aller droit au but, tu me ménages, tu t’adaptes à ce que je suis en mesure de recevoir. Tu perçois mon émoi, tu veux me mettre en confiance et ça me rassure. Tu lâches mes mains et tire légèrement sur mon t-shirt.

— Je peux ? Me demandes-tu.

Alors je t’aide à enlever mon vêtement.

Tu me regardes, puis tes mains commencent à se promener sur mon torse, sur le dos d’abord, et puis les épaules, les seins, le ventre — le trouves-tu assez ferme, me demandai-je. Le tien doit être autrement musclé, avec ce dessin particulier des grands droits que j’admire chez les athlètes. Tes caresses me produisent un plaisir intense et je sens mon sexe gonfler et durcir dans mon slip. Tu m’allonges sur ton lit, et je sais que tu vas poursuivre l’exploration de mon corps et j’en suis ravi. Mais j’ai envie aussi de connaître ta peau, j’ai envie de son contact, et je me décide à prendre une initiative :

— Toi aussi déshabille-toi ;

Alors tu te mets torse nu, et j’admire sa belle architecture, les pectoraux bien marqués séparés par un petit frisottis de poils noirs dans lequel j’aventure mes doigts. Nos peaux se joignent, et je frémis. Je sens mon pénis de plus en plus dur mais je veux prolonger ce moment d’une intensité sensuelle comme que je n’ai encore jamais connue. J’imagine que le meilleur est à venir. Mais que son approche est délicieuse !

— Tu ne peux pas savoir le plaisir que tu me donnes, me dis-tu. Et en même temps ce plaisir est une torture.

— Qu’est-ce qui gâche ton plaisir ? Ce contact sans lendemain ?

— Oui, il est probable que je ne te reverrai pas souvent. Ce n’est pas tous les jours que tes parents vont venir par ici. Mais aussi …

Tu ne termines pas ta phrase, et je lis de la détresse dans tes yeux. Je pose ma main sur ta nuque et j’attire ton visage vers moi :

— Embrasse-moi.

Tu poses doucement tes lèvres sur les miennes. Un baiser plein de tendresse, d’abord, qui devient plus intense, et auquel cette fois je réponds en y prenant plaisir.

Tes mains parcourent mon corps, fébrilement, mais avec douceur et savent s’attarder aux endroits les plus érogènes. Tu m’allonges à nouveau sur le lit et entreprends de dégrafer ma ceinture et la braguette de mon jean. Je suis comme électrifié quand tes doigts, se glissant le long de mon ventre, s’introduisent sous l’élastique de mon slip et entrent en contact avec la peau tendue de mon sexe. Lorsque tu t’empare de ma verge je suis si intensément excité que je crois ne pas pouvoir ma semence et faire ainsi avorter ma première véritable leçon d’amour. Mais tu retires ta main et je suis à la fois satisfait et impatient qu’elle revienne, tant mon envie de jouissance est forte. Tu tentes d’enlever mon jean et je t’aide à achever de me déshabiller. Je me sens à peine gêné d’être allongé nu devant toi qui ne l’est qu’à demi. Je suis avec quelque appréhension les destinations de ton regard détaillant mon intimité anatomique, sans que je puisse y déchiffrer un quelconque jugement. Ma crainte ? Que mon corps ne soit pas à la hauteur de tes espérances. Que tu trouves mes cuisses trop maigres, mes poils pubiens trop peu fournis. Que le gabarit de mon sexe te déçoive, alors qu’il est en tension maximum. Sur ce dernier point j’avais eu cependant l’occasion de m’assurer, lors de comparatifs comme en font les garçons, que je n’avais pas à rougir du format de mon mâle appendice. Mais c’était avec des garçons de mon âge, un adulte le trouverait-il à sa convenance ? Mon inquiétude, toutefois, était mâtinée de complaisance.

Mon sexe, alors, ne se contente pas d’être dressé, il est agité par des soubresauts assez incontrôlables qui sont autant d’appels indécents à ce qu’on s’occupe sérieusement de lui. L’invitation est vite honorée, tu te penche vers lui et tout mon corps tressaille lorsque tes lèvres atteignent la peau tendre de l’avide petit être. Ma gorge laisse échapper des jappements inattendus lorsque ta bouche enveloppe de son humide et molle chaleur la tête turgescente du vigoureux membre. Je ressens pour la première fois les délices de la fréquentation de muqueuses amies. Les mouvements de va et vient et les parenthèse de la langue parcourant la périphérie congestionnée de mon gland, lèvent dans tout mon être des sensations jouissives comme jamais encore je n’en ai éprouvées. Je sens bientôt que la force jaillissante va déclencher les spasmes incontrôlables de l’extase finale et je l’annonce par un cri guttural que tu comprends instantanément. Tu te retires et tu empoignes mon membre pour achever de solliciter son explosive expression. Mon sperme se répand un peu partout sur mon ventre et lorsque cessent mes soubresauts et mes halètements, je sens tes doigts étaler ma semence gélatineuse sur ma peau.

— Merci, me dis-tu.

Je rouvre les yeux, et veux te remercier moi aussi, l’heureux bénéficiaire, mais je te vois en larmes.

Je te prends dans mes bras et je lèche ces larmes qui inondent tes joues. Longuement. Mes lèvres et ma langue jouent avec tes oreilles, tes paupières, tes lèvres closes. Pourquoi ce chagrin mon bel amant ? Je n’ose te poser la question. Je caresse tes épaules musclées. Ah, si je pouvais en avoir de pareilles ! Et ces pectoraux, galbés et puissants ! Ces poils frisottants qui en soulignent  la beauté ! Ce ventre à la fois souple et nerveux que j’admire et que je parcoure !

Ma main, un peu hésitante, tente de se glisser sous la ceinture du pantalon. J’ai envie, je veux découvrir les parties de ton corps que tu ne m’as pas encore dévoilées. Si le bas est aussi harmonieux que le haut, alors tu seras le modèle que j’aimerais approcher, moi qui me sens chétif à côté de toi.

J’ai envie, je veux aussi reproduire les attentions que tu m’as prodiguées, t’offrir les mêmes gâteries et provoquer la même éruption de plaisir, la même intense jouissance.

Ma main n’a pas le temps de commencer son exploration. Tu t’empares d’elle, tu la portes à tes lèvres, tu y déposes un baiser.

— J’aurais tant aimé, me dis-tu.

— Pourquoi pas ?

— Hélas, trois fois hélas !

— J’ai été blessé en patrouille.

— Grave ?

— Cette mine m’a sauté au ventre, déchiqueté. Je suis privé à tout jamais des ardeurs de la virilité. On ne met pas de prothèse à cet endroit. Je ne veux pas que tu voies ça, c’est horrible.

Tu ne me laisses pas le temps de m’apitoyer, tu reprends les initiatives :

— Viens prendre une douche, je veux te voir nu un moment encore.

Et pendant que je suis sous la douche, je t’entends parler mais je pense que c’est surtout à toi que tu parles.

— Je crois que j’étais trop fier de mon corps. Trop enclin à me montrer nu pour lire l’envie dans le regard des autres. J’avais trop le goût de la jouissance. Je suis puni là où ça me fait le plus mal.

Je sors de la douche et tu me sèches longuement dans le drap de bain. Puis tu le laisses tomber, tu me prends dans tes bras et tu m’embrasses dans le cou.

— Tu m’as permis de retrouver l’odeur, la douceur et la vitalité d’un sexe d’homme. J’ai aimé te faire jouir. Ça m’a fait un bien fou, et un mal épouvantable. Je t’ai sans doute déçu, tu attendais autre chose de moi, le vieux, l’expérimenté. Tu attendais que je te fasse découvrir ce que tu ignores encore. Mais c’est bien ainsi, réserve ça à ton premier amour. Tu ne peux pas comprendre à quel point me consume la brûlure du désir qui ne peut plus s’assouvir.

— Je crois qu’on ne prendra plus rien maintenant, il se fait tard, on va rentrer.

Immergé dans mon souvenir, j’ai du mal à reprendre pied sur la berge où je suis en train de faire semblant de pécher, à côté de Bruno. Il a sans doute remarqué que j’avais rêvassé tout l’après midi, et que je ne m’étais pas beaucoup intéressé à la pêche. Il n’empêche que c’est moi qui ai pris le gros poisson, et lui plusieurs petits qu’il a relâchés après leur avoir trituré la mâchoire pour enlever le hameçon. Peut-être en éprouve-t-il du dépit : toujours les mêmes qui gagnent et lui toujours perdant.

— Oui, comme tu veux. Dis-moi, ce poisson, je voudrais que nous le mangions ensemble. Demain soir chez moi. Je viens te chercher. Tu verras que je fais bien la cuisine quand je veux.

— C’est sympa mais je ne veux pas abuser de ta gentillesse.

— Je t’assure ça me ferait plaisir.

Bien sûr il sent que je ne suis pas sincère, malgré toute la persuasion que j’ai cru mettre dans ma voix. Je suis convaincu qu’il va me rejeter, parce qu’il ne veut pas de ma pitié, parce que je vis dans un monde trop éloigné du sien. Il s’est construit un petit univers dans lequel il a bien du mal à survivre. Etre seul, plutôt qu’affronter l’apitoiement dissimulé sous une fausse compassion. Ma seule présence ébranle son fragile château de cartes.

— Je ne suis pas d’une compagnie agréable. Je préfère te savoir avec ton ami. On se reverra au hasard d’une rencontre.

Voilà que ma bonne intention a tourné au fiasco. Une histoire qui se termine en queue de poisson !  

 

 


 


 

8 juin 2011

Qu'ils sont beaux ces grafs !

                           G38

 

                             G39

7 juin 2011

Série bografs, suite

                           G35

 

                           G36

 

                                G37                           

Publicité
Publicité
5 juin 2011

133 A la pêche (épilogue)

— Je crois qu’on ne prendra plus rien maintenant, il se fait tard, on va rentrer.

Immergé dans mon souvenir, j’ai du mal à reprendre pied sur la berge où je suis en train de faire semblant de pécher, à côté de Bruno. Il a sans doute remarqué que j’avais rêvassé tout l’après midi, et que je ne m’étais pas beaucoup intéressé à la pêche. Il n’empêche que c’est moi qui ai pris le gros poisson, et lui plusieurs petits qu’il a relâchés après leur avoir trituré la mâchoire pour enlever le hameçon. Peut-être en éprouve-t-il du dépit : toujours les mêmes qui gagnent et lui toujours perdant.

— Oui, comme tu veux. Dis-moi, ce poisson, je voudrais que nous le mangions ensemble. Demain soir chez moi. Je viens te chercher. Tu verras que je fais bien la cuisine quand je veux.

— C’est sympa mais je ne veux pas abuser de ta gentillesse.

— Je t’assure ça me ferait plaisir.

Bien sûr il sent que je ne suis pas sincère, malgré toute la persuasion que j’ai cru mettre dans ma voix. Je suis convaincu qu’il va me rejeter, parce qu’il ne veut pas de ma pitié, parce que je vis dans un monde trop éloigné du sien. Il s’est construit un petit univers dans lequel il a bien du mal à survivre. Etre seul, plutôt qu’affronter l’apitoiement dissimulé sous une fausse compassion. Ma seule présence ébranle son fragile château de cartes.

— Je ne suis pas d’une compagnie agréable. Je préfère te savoir avec ton ami. On se reverra au hasard d’une rencontre.

 

Voilà que ma bonne intention a tourné au fiasco. Une histoire qui se termine en queue de poisson !  

3 juin 2011

Intermède en bografs, suite

                 G31

 

                       G32

2 juin 2011

Intermède en bografs

                           G30

 

                         G34

31 mai 2011

133 A la pêche (9° partie)

 Je te prends dans mes bras et je lèche ces larmes qui inondent tes joues. Longuement. Mes lèvres et ma langue jouent avec tes oreilles, tes paupières, tes lèvres closes. Pourquoi ce chagrin mon bel amant ? Je n’ose te poser la question. Je caresse tes épaules musclées. Ah, si je pouvais en avoir de pareilles ! Et ces pectoraux, galbés et puissants ! Ces poils frisottants qui en soulignent  la beauté ! Ce ventre à la fois souple et nerveux que j’admire et que je parcoure !

Ma main, un peu hésitante, tente de se glisser sous la ceinture du pantalon. J’ai envie, je veux découvrir les parties de ton corps que tu ne m’as pas encore dévoilées. Si le bas est aussi harmonieux que le haut, alors tu seras le modèle que j’aimerais approcher, moi qui me sens chétif à côté de toi.

J’ai envie, je veux aussi reproduire les attentions que tu m’as prodiguées, t’offrir les mêmes gâteries et provoquer la même éruption de plaisir, la même intense jouissance.

Ma main n’a pas le temps de commencer son exploration. Tu t’empares d’elle, tu la portes à tes lèvres, tu y déposes un baiser.

— J’aurais tant aimé, me dis-tu.

— Pourquoi pas ?

— Hélas, trois fois hélas !

— J’ai été blessé en patrouille.

— Grave ?

— Cette mine m’a sauté au ventre, déchiqueté. Je suis privé à tout jamais des ardeurs de la virilité. On ne met pas de prothèse à cet endroit. Je ne veux pas que tu voies ça, c’est horrible.

Tu ne me laisses pas le temps de m’apitoyer, tu reprends les initiatives :

— Viens prendre une douche, je veux te voir nu un moment encore.

Et pendant que je suis sous la douche, je t’entends parler mais je pense que c’est surtout à toi que tu parles.

— Je crois que j’étais trop fier de mon corps. Trop enclin à me montrer nu pour lire l’envie dans le regard des autres. J’avais trop le goût de la jouissance. Je suis puni là où ça me fait le plus mal.

Je sors de la douche et tu me sèches longuement dans le drap de bain. Puis tu le laisses tomber, tu me prends dans tes bras et tu m’embrasses dans le cou.

— Tu m’as permis de retrouver l’odeur, la douceur et la vitalité d’un sexe d’homme. J’ai aimé te faire jouir. Ça m’a fait un bien fou, et un mal épouvantable. Je t’ai sans doute déçu, tu attendais autre chose de moi, le vieux, l’expérimenté. Tu attendais que je te fasse découvrir ce que tu ignores encore. Mais c’est bien ainsi, réserve ça à ton premier amour. Tu ne peux pas comprendre à quel point me consume la brûlure du désir qui ne peut plus s’assouvir.

A suivre...

30 mai 2011

Série bografs, suite

             G28

 

             G29    

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>
Publicité